Bernard Shane était un propagandiste syndical activement engagé au sein du Tailor’s Project. Maurice Silcoff a quant à lui présidé un syndicat montréalais pendant plusieurs décennies.
Bernard Shane naît en Russie et émigre aux États-Unis en 1906. Organisateur syndical au service de la International Ladies Workers Garment Union (ILGWU), il s’installe à Toronto en 1934, puis à Montréal après la Deuxième Guerre mondiale. Il y découvre que le secteur de la confection de vêtements fait travailler les femmes dans des conditions déplorables.
Les travailleuses, que l’on appelle les midinettes – mot-valise provenant de la fusion de « midi » et de « dînette » – n’ont pas le droit de prendre de véritables pauses, notamment pour le repas du midi. Devant travailler jusqu’à 80 heures par semaine durant la haute saison, celles-ci ne gagnent qu’entre 5 et 10 dollars par semaine et sont souvent remerciées durant la basse saison.
En 1947, M. Shane s’engage activement au sein du Tailor’s Project, dont il sera question plus bas. Il assumera plus tard la présidence du Jewish Labour Committee.
Natif de Dublin, Maurice Silcoff émigre au Canada avec sa famille en 1910. Ses parents succomberont de la tuberculose peu de temps après leur arrivée. L’orphelin est alors confié à des cousins éloignés. À douze ans, il commence à travailler à l’usine de l’Acme Hat Company, où il gagne environ 20 sous de l’heure. Cette expérience sensibilise Maurice Silcoff aux tribulations des ouvriers mineurs ainsi qu’à leurs conditions de travail injustes. Treize ans plus tard, il retourne à la même usine, cette fois à titre de président de la branche locale de la United Hatters, Cap and Millinery Workers Union. Il préside également la International Leather Goods, Plastics and Novelty Workers Union jusqu’à sa retraite, à l’âge de 80 ans.
Il décède à 104 ans. Joël Silcoff, son fils, est alors juge à la Cour supérieure du Québec.
Le Tailor’s Project
Maurine Silcoff et Bernard Shane, de même que David Lewis, participent activement au Tailor’s Project, une initiative visant à surmonter les lois antisémites sur l’immigration en faisant venir au Canada des survivants de l’Holocauste, afin qu’ils travaillent dans l’industrie de la confection de vêtements, alors en manque de main-d’œuvre. Afin de pouvoir se rendre dans les camps de personnes déplacées et sélectionner des réfugiés potentiels, Bernard Shane et Maurice Silcoff sont nommés colonels de l’armée canadienne. Bien que l’initiative soit ostensiblement destinée aux tailleurs et couturiers, la définition du terme de « travailleur textile » reste très ouverte, puisqu’un certain nombre de musiciens, d’artistes, de rabbins et d’intellectuels en bénéficient pour s’installer au Canada.
Sources :
http://imjm.ca/location/1250
http://imjm.ca/location/1412
Franklin Bialystok, Delayed Impact: The Holocaust and the Canadian Jewish Community
Gerald Tulchinsky, Branching Out: The Transformation of the Canadian Jewish Community
http://www.theglobeandmail.com/news/national/montreal-labour-leader-maurice-silcoff-took-the-high-road/article10763343/